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 A propos d'Am Shagar

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MessageSujet: A propos d'Am Shagar   A propos d'Am Shagar Icon_minitimeJeu 21 Avr - 10:03

Extrait du "journal d'étude et de voyage" de Khamal, clerc Eth et disciple d'Am Shagar


Peu de choses sont connues avec certitudes à propos d'Am Shagar. Certains faits sont avérés, mais comme pour tous les personnages semi-légendaires, il existe de nombreuses histoires à son sujet qui sont difficilement vérifiables, et certaines d'entre elles se contredisent. Le chercheur patient pourra rapprocher les faits des légendes et déterminer quelles histoires sont plus probables que d'autres, mais pour ce qui est de démêler avec exactitude le vrai du faux, j'ai peur que ce ne soit pas possible. La véritable histoire d'Am Shagar se perd dans les brumes du temps et se noie dans la ferveur avec laquelle les légendes à son sujet sont racontées.

Ce que l'on sait avec certitude, c'est que son histoire commence dans un petit village Eth. Le nom de ce village a été changé plusieurs fois au cours de l'histoire, et celui qu'il portait à l'époque a été perdu, mais on sait qu'il se trouvait au croisement de plusieurs routes commerciales à l'est de Sables-Chatoyant, et que ses habitants jouissaient d'un niveau d'éducation relativement bon. Le commerce amenant la nécessité de savoir compter et de pouvoir tenir des registres à jour, le moindre paysan savait lire, écrire et connaissait des rudiments de comptabilité.

C'est près de ce village qu'un jeune homme d'une vingtaine d'années fut découvert inconscient et blessé à la tête. Personne dans le village ne le connaissait. Le médecin local s'occupa de lui et consigna ses observations dans son registre. Celui-ci a souffert du temps, mais j'ai pu retrouver la page sur laquelle il décrivait le jeune homme comme "portant de grands vêtements amples de la couleur du sable". Il décrit en outre un tatouage sur son bras gauche. Cette description correspond encore aujourd'hui à certaines troupes de brigands de l'extrême sud, et il est vraisemblable de penser qu'avant d'être retrouvé près de ce village, Am Shagar menait une vie peu honorable.

Les plus fanatiques de ceux de mon ordre marqueraient sans doute leur très vif désaccord avec mes propos, mais il n'est pas question pour moi de mettre en doute la valeur de la sagesse de ce grand homme. Simplement, j'estime que la vérité à son propos nous éclairera plus qu'un mensonge honorable.

Qu'est ce qui a amené un brigand à finir seul et blessé près d'un village commerçant prospère ? Nous ne le saurons sans doute jamais, mais en prenant en compte les coutumes des pillards nomades du désert, on peut imaginer qu'une dispute a éclaté au sein de la bande et qu'une altercation a eu lieu. Le perdant, laissé pour mort, aura alors été abandonné aux charognards. Ce n'est bien sur qu'une hypothèse.

Après quelques jours aux bons soins du docteur Ahmed ibn Hakim, le jeune inconnu finit par s'éveiller. Il n'avait absolument aucun souvenir : ni son passé, ni son âge ou même son nom ne lui revenaient. On pourrait envisager que, de la part d'un brigand, c'est une excuse commode, mais la suite de son histoire semble indiquer qu'il était sincère. Les villageois, toutefois, étaient bien ennuyés. Un nom n'est pas une chose que l'on prend à la légère, mais comment s'adresser à celui qui n'en a pas ? L'ancien du village proposa alors à l'inconnu de l'adopter officiellement, afin de pouvoir le baptiser. En effet, seuls les parents sont jugés aptes à donner un nom, et personne d'autre ne voudrait de cette lourde responsabilité. L'inconnu accepta, et l'ancien le nomma Am Shagar, ce qui signifie simplement "celui qui n'a pas de nom", ou "le sans clan".

Je m'arrête un instant sur l'étymologie de ce nom. Il est constitué de "am", préfixe privatif, et de "shagar", qui signifie littéralement "le nom de ton père", mais qui s'utilise en tant qu'expression idiomatique pour désigner le nom que porte la famille ou le clan. Am Shagar signifie donc littéralement "celui qui ne porte pas le nom de son père" ou "celui qui ne porte pas le nom de son clan". On peut rapprocher cette désignation de celle du célèbre saltimbanque Mathosien connu sous le nom de "Rémi sans famille", mais en aucun cas du capitaine d'infanterie "Régis le sans-ami". "Sans ami" se dirait "am lakrish", c'est à dire "celui qui ne reçoit pas d'amour" "ou celui qui n'est pas aimé". On notera que, dans le dialecte local, la distinction est très nette entre le fait d'appartenir à une famille ou un clan d'une part et le fait d'être aimé d'autre part, ce qui nous éclaire sur la nature complexe des relations interpersonnelles au sein de cette communauté. Ce n'est toutefois pas l'objet de cette étude.

Am Shagar se révéla être d'une grande patience et d'une constitution vigoureuse. Il aidait le village du mieux qu'il pouvait en participant aux travaux physiques et développa au fil du temps des techniques et entraînements pour effectuer des tâches physiques en minimisant les efforts, ce qui permit de réduire les blessures et autres accidents d'entrepôt de façon significative. Par la suite, ces techniques serviraient de base à l'entraînement des clercs combattants, mais cela, Am Shagar ne le savait pas. Dans le même temps, l'ancien lui apprenait à lire et lui faisait étudier les écrits du célèbre Al Hazoun du clan Nezzar.

Ce fut une révélation pour Am Shagar, qui comprit que la beauté et la sagesse peuvent se loger en toute chose, et que la puissance et la volonté des Veilleurs s'exprime de bien des façons. Là ou les très dogmatiques Gardiens professent qu'ils détiennent la vérité des veilleurs et qu'il n'existe qu'une seule façon de leur rendre hommage, la leur, Am Shagar, lui, découvrit que les Dieux sont partout et en toute chose, et qu'ils peuvent être honorés de mille manières différentes. Ainsi parlait Am Shagar.

Am Shagar ne construisit jamais de temple. Jamais il ne rédigea de livre "sacré" dans lequel il aurait expliqué que sa vision des choses est bonne et que les autres sont des hérétiques qui doivent mourir. Ses écrits, au contraire, professaient la liberté de chacun de rendre hommage aux Dieux à sa façon, si humble puisse-t-elle être. Plutôt que de rendre hommage à un quelconque Dieu tutélaire attitré, il souhaitait que chacun honore le ou les Dieux dont il se sent le plus proche. Ainsi, le poète amoureux est invité à se tourner vers Mariel-Taun, le paysan proche de la terre vers Tavril, le forgeron vers Bahralt, l'aventurier ou l'érudit vers Sentic, le guerrier vers Thedeor, mais ce ne sont que des exemples.

Il professait des choses simples, de petites sagesses et de grandes évidences destinées à rendre la vie de chacun meilleure, plus simple et plus satisfaisante à la fois. S'il avait effectivement été un brigand, plus rien ne permettait de le constater. Am Shagar était un homme bon, sage et veillant au bien-être de chacun.

Après quelques années, l'ancien mourut. Un nouvel ancien devait être élu, et nombreux furent ceux qui proposèrent à Am Shagar de prendre cette responsabilité, mais il déclina. Il estimait que sa responsabilité vis-à-vis du peuple était morale, pas matérielle. En outre, il souhaitait voyager, confronter sa vision du monde et ses théories à d'autres lieux et d'autres peuples. Les villageois pleurèrent le départ de leur saint homme, mais il leur fit une promesse. Celle-ci a été consignée dans les registres de la communauté, et je suis donc en mesure de vous la livrer telle qu'elle fut prononcée.

"J'ai appris de vous bien plus que vous n'avez appris de moi. Votre sagesse est grande, mais la conscience que vous avez de votre sagesse ne l'est pas. En mon absence, vous apprendrez. Il viendra toutefois un jour où vous aurez besoin de moi, un jour de nécessité ou la parole du sage devra faire face à la menace de l'épée. Ce jour là, je reviendrais". Ainsi parlait Am Shagar.

Puis il quitta le village. Pendant plusieurs années il n'y a pas eu de traces précises de son activité. Des recherches et des légendes locales semblent indiquer qu'il visita Libremarche, Mathosia et qu'il séjourna quelques temps au Bois d'Argent. On trouve également dans les Champs de Pierre quelques runes gravées dans un dialecte très proche de celui utilisé aux Sables-Chatoyants à l'époque d'Am Shagar, mais celles-ci sont trop usées pour que leurs messages soient clairement compréhensibles. Il pourrait aussi bien s'agir de simples indications laissées par des marchands Eth pour les caravanes. Il existe des légendes concernant un sage Eth voyageant là ou les gens avaient besoin de lui et professant une nouvelle façon de rendre hommage aux Dieux, mais ces légendes mineures sont très peu détaillées, parfois contradictoire, et rien ne permet de vérifier avec exactitude qu'il s'agissait bien d'Am Shagar. En outre, leur datation est très incertaine. Elles pourraient être postérieures à cette époque et concerner non pas Am Shagar lui-même, mais ses disciples.

En revanche, les registres de l'académie de Bois d'Argent mentionnent un homme de ce nom ayant séjourné quelques mois sur place. Il s'entretenait souvent avec le clergé de Tavril pour lier ses études factuelles aux croyances des Elfes. Dans sa grande sagesse, Am Shagar ne professa pas ses propres croyances, mais il est fait mention dans les registres qu'il avait "des croyances révolutionnaires, peu orthodoxes, et parfois dérangeantes pour les fidèles. Toutefois [l'étranger] ne pratique pas le prosélytisme et sa présence au sein de l'académie ne présente donc aucun problème". La nature exacte des études d'Am Shagar à l'académie n'a pas été conservée, mais en croisant les informations conservées avec la liste du personnel de l'académie, on peut mettre en lumière les domaines de la botanique, la biologie des animaux et la biomancie.

Après son passage à l'académie, les traces d'Am Shagar disparaissent de nouveau. On le retrouve 2 ans plus tard dans une brève description d'un fait divers consignée par la garde de Mathosia, indiquant qu'il serait venu au secours d'une jeune femme, mais les archives du royaume déchu ont considérablement souffert de la guerre civile et je n'ai pas pu trouver d'autres références concernant le Sage.

Enfin, près de 15 ans après en être parti, on retrouve Am Shagar dans son village. Les faits sont très romancés et il est difficile de démêler le vrai du faux, aussi vous livrerais-je l'histoire telle que je l'ai découverte. Je laisserais au lecteur le soin de se forger sa propre idée.

Le village d'Am Shagar était menacé. Un millier de soldats, restes d'une troupe mercenaire vagabonde, pillaient la région et essayaient de créer une sorte de royaume barbare dans les terres des Eth. Ils étaient plus nombreux que les habitants de la plupart des villages pris séparément, et bien entraînés. Plusieurs villages étaient déjà tombés sous leur domination, et le village prospère d'Am Shagar attisait leur convoitise. Les soldats installèrent un camp à portée de vue du village et dépêchèrent des émissaires pour exiger la reddition de l'ancien et l'inféodation du village à leur "empire". Les envahisseurs leur donnèrent une journée pour se soumettre, sans quoi ils donneraient l'assaut.

Le jour même, Am Shagar revint au village. Il était accompagné d'une femme du nord, aux cheveux rouges comme le minerai de fer et aux yeux verts comme l'émeraude, et elle portait dans ses bras un nourrisson. Vraisemblablement, une mathosienne, l'épouse d'Am Shagar et la mère de son fils. L'ancien accouru et tomba à genoux devant le Sage, le suppliant de l'aider. Am Shagar le fit se relever, et en souriant lui dit : "ne vous avais-je pas fait une promesse ?". Très calmement, il se dirigea vers sa maison, installa sa femme et son fils, veilla à leur confort, puis se dirigea sans un mot vers l'armée des envahisseurs.

Du village, les hommes purent voir qu'il s'entretenait avec le capitaine de l'invasion. Nul ne sait exactement ce qu'ils se dirent, mais au bout d'une heure environ, l'armée levait le camp et faisait demi-tour. Dans les jours qui suivirent, le capitaine des mercenaires dispersa son armée, libéra les villages conquis et ce fut la fin de ce qui prendrait plus tard le nom "d'empire des 100 jours". Nombre de ces soldats devinrent par la suite des gardes des villages qu'ils avaient autrefois soumis, et le capitaine lui-même s'installa auprès d'Am Shagar. S'il s'agit là de faits véritables, alors cet homme est resté dans les mémoires comme "Shag-lakrish", c'est à dire "celui qui aime le clan", fondateur de mon ordre et premier des clercs combattants.

Par la suite, Am Shagar vécu paisiblement dans son village, avec sa femme et son fils, travaillant à ses écrits, perfectionnant ses techniques physiques et enseignant aux jeunes l'écriture, la sagesse d'Al Hazoun et ses propres idées. Il semblerait qu'il ait eu d'autres enfants, au moins une fille, mais leurs noms n'ont pas été conservés par l'histoire. Ses enfants se marièrent avec d'autres Eth du village ou des villages voisins, car nombreux étaient ceux qui venaient voir le Sage qui les avait libéré pour lui rendre hommage, et nombreux furent les échanges et les rencontres avec les autres bourgades de la région. Ce fut une ère de prospérité commerciale, et de félicité intellectuelle et morale.

La lignée précise d'Am Shagar n'a pas pu être tracée, car les archives sont trop dispersées dans les différents villages, et certaines ont souffert de conditions de conservation déplorables. Toutefois, la légende veut que tous les descendants d'Am Shagar aient les yeux de la même couleur que celle de leur ancêtre Mathosienne, c'est à dire vert émeraude. C'était une couleur assez rare par le passé, aujourd'hui elle reste largement minoritaire, mais un Eth aux yeux verts n'est pas une chose si rare que personne n'en ai jamais vu. Doit-on en déduire que la descendance d'Am Shagar fut fort prolifique, ou bien juste que la légende romance volontiers pour donner de l'importance à un détail qui n'en a pas ? Je laisse le lecteur seul juge.

Ayant moi-même les yeux de cette couleur, j'avoue que je tirerais une certaine fierté à savoir que je descends de ce grand homme, mais au fond c'est sans importance. "C'est à ses actes qu'on juge la valeur d'un homme, pas à son lignage". Ainsi parlait Am Shagar.
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